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 La saga de Cùchulain

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Ozak
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MessageSujet: La saga de Cùchulain   La saga de Cùchulain Icon_minitimeVen 29 Déc - 11:00

La Saga de Cùchulain


Cùchulain, dans la mythologie irlandaise, était le guerrier et champion de l'Ulster. Il aurait vécu au IIIe siècle. Son nom signifie « Chien de Culann », bien qu'on l'appelât souvent le Chien d'Ulster. Cùchulain était l'Achille irlandais, un combattant exceptionnel dont les colères valurent bien des tourments, à lui et à son entourage.

Les extraits suivants de la saga de Cùchulain proviennent de différents manuscrits, dont l'un, du XIIe siècle, est connu sous le nom de The Book of the Dun Cow (Le Livre de la Vache grise). Il est une des première version écrite (et une des rares subsistantes) des légendes de Cùchulain et des héros d'Ulster.

Les thèmes variés et les caractéristiques mythiques des histoires révèlent les origines païennes primitives, les dieux celtes Lugh et Cù Roi s'y manifestent souvent sous une apparence humaine. Comme dans la légende du gallois Pwyll, le conte présente un monde celte ancien apparemment "réel", avec des forteresses et des noms de lieux identifiables. Cependant, le monde "féérique" n'est jamais loin : des "vrais" points de repère comme le tumulus de Newgrange (anciennement Bruig na Boinde) exercent une influence magique, des héros y sont nés, et des prodiges s'y accomplissent. L'histoire commence avec l'apparition d'oiseaux étranges portant des chaînes d'argent. Comme les chaînes portés par les enfants de Lir, celles-ci sont le signe de leur nature magique, et le conte les utilise pour transporter les guerriers, et tout son auditoire, dans l'Autre-Monde.

(source Encyclopédie Celtique)


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MessageSujet: Re: La saga de Cùchulain   La saga de Cùchulain Icon_minitimeVen 29 Déc - 11:06

La saga de Cùchulain Clip5_11


La naissance de Cùchulain


« A l'époque où Conchobar Mac Nessa était roi d'Ulster, ses chefs remarquèrent une volée d'oiseaux se nourrissant de l'herbe de la plaine près d'Emuin Machae, et ils en mangèrent jusqu'à ce que la terre soit dénudée aussi loin que l'oeil pouvait voir. Les guerriers étaient chasseurs et ils partirent dans leurs chars chasser les oiseaux là où ils les conduiraient. Dechtire conduisit le char de son frère Conchobar, et neuf chars se répandirent sur la plaine à la poursuite des oiseaux. Une chaîne d'argent reliait chaque couple d'oiseaux leur vol et leur chant étaient d'une beauté enchanteresse.


Le soir approchait et les gens d'Ulster cherchèrent un abri car il neigeait. Ils furent accueillis dans une maisonnette par un homme qui leur donna à boire et à manger, et à la tombée de la nuit les gens d'Ulster étaient en joie. Leur hôte leur annonça que sa femme était sur le point d'accoucher et demanda à Dechtire de bien vouloir l'aider. Les gens d'Ulster allèrent chercher dans la neige une paire de poulains nouveau-nés et les présentèrent à l'enfant mâle que Dechtire tenait dans ses bras.

Au matin, quand les gens d'Ulster se réveillèrent, ils virent l'enfant et les poulains, mais les étranges oiseaux et la maison avaient disparu ; ils se trouvaient juste à l'est de Bruig. Ils retournèrent alors à Emuin Machae, où l'enfant grandit pendant plusieurs années jusqu'à ce qu'il tombe soudain malade et meure. Dechtire pleura de tout son coeur la mort de son fils adoptif. Elle demanda de l'eau et on lui apporta un bol en cuivre, mais chaque fois qu elle l'approchait de ses lèvres une petite créature surgissait de l'eau et sautait à sa bouche, chaque fois elle regardait dans le bol et n'y voyait rien. Pendant son sommeil, Dechtire rêva de l'homme qu'elle avait vu dans la maison fantôme. Il lui dit que son nom était Lugh, fils d'Ethniu et que c'était lui qui l'avait attirée dans cette maison et qu'elle portait maintenant la semence de son fils : le garçon devrait être appelé Setanta et recevoir les deux poulains qui lui étaient destinés.

Quand les gens d'Ulster virent que Dechtire attendait un enfant, ils se demandèrent si le père n'était pas Conchobar, car le frère et la soeur dormaient côte à côte. Conchobar sauva la situation en fiançant sa soeur à Sualtam, fils de Roech, et frère de Fergus. »

Dans une autre version, la mère du héros, Dechtire, est présentée non comme la soeur de Conchobar Mac Nessa, mais comme la fille du druide Cathbad, conseiller auprès de Conchobar. Le déroulement des évènements ayant amené à la naissance de Cùchulain y est différent également. Dechtire fut mariée en premier lieu avec Sualtam Mac Roech, le frère de Fergus Mac Roech, avant d'avoir conçu Cùchulain avec le Dieu Lugh. Puis elle s'enfuit dans l'Autre Monde avec cinquante femmes, prenant l'apparence d'oiseaux. C'est après avoir avalé une mouche au cours du festin des noces qu'elle avait rêvé du dieu soleil Lugh, qui lui avait ordonné d'entreprendre ce voyage. Cathbad rassura son gendre en lui disant que Dechtire rendait visite à ses parents de l'Autre Monde, puisque sa mère était la fille du dieu Aengus. En réalité, Lugh la garda auprès de lui pendant trois ans. Dechtire et ses compagnes finirent par rentrer à Emain Macha, la forteresse des rois d'Ulster, sous la forme d'oiseaux. Elle était enceinte de Lugh, mais Sualtam Mac Roth fut si content de retrouver son épouse que lorsque l'enfant naquit, il l'accueillit comme son propre fils, que l'on appela Setanta.


Dernière édition par le Dim 31 Déc - 7:04, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La saga de Cùchulain   La saga de Cùchulain Icon_minitimeVen 29 Déc - 11:08

La saga de Cùchulain Clip5_11


Les exploits d'enfance de Cùchulain
(Setanta)


« Conchobar avait perdu l'allégeance de plusieurs chefs ulstériens après qu'il eut assassiné les fils d'Usna. Ces hommes étaient partis vers Connaught, à l'ouest de l'Irlande. L’un d'eux, Fergus, raconta l'enfance de Cùchulain à ses hôtes Ailill et Medb, roi et reine de Connaught :

"Cùchulain fut élevé à Mag Muirthemni dans le sud de l'Ulster. Un jour Sualtam et Dechtire parlèrent à leur fils des fameux garçons d'Emuin Machae, que Conchobar regardait jouer quand il n'était pas en train de s'adonner à des jeux de société ou de boire avant d'aller se coucher. Cùchulain demanda à Dechtire s'il pouvait aller voir ces garçons.
- Il te faut attendre qu'un guerrier d'Ulster puisse t'accompagner, répondit-elle.
- Je veux y aller maintenant, insista Cùchulain. Quel chemin dois-je prendre?
- Va vers le nord, répondit sa mère, mais fais bien attention car la route est pleine de dangers.
- J'y vais, dit Cùchulain et il partit avec ses armes miniatures, une petite lance et un petit bouclier ; il prit aussi son bâton et sa balle de hurley, espérant pouvoir jouer une partie avec les garçons d'Emuin Machae.»

Arrivé à Emuin, il s'engagea sur le terrain de jeu sans demander au préalable la protection des autres joueurs. Les garçons furent mécontents de ce manque de courtoisie, car nous connaissons tous les règles de conduite sur un terrain de jeu. Ils lui dirent de sortir du terrain et lancèrent leurs trois fois cinquante lances vers lui (car ils étaient au nombre de cent cinquante) : chaque lance se planta dans le petit bouclier de Cùchulain. Ils lancèrent avec violence trois fois cinquante balles vers lui et il les bloqua toutes contre sa poitrine. Ils lancèrent leurs trois fois cinquante bâtons de hurley vers lui, mais il les rattrapa tous.

Cùchulain était furieux : ses cheveux se dressèrent sur sa tête et se hérissèrent de rage. Il plissa un oeil de la taille du chas d'une aiguille et ouvrit l'autre de la taille d'un bol. Il grimaça tant que l'on put voir le fond de sa gorge et ses dents briller d'une oreille à l'autre. La lune du jeune guerrier s'éleva au-dessus de sa tête.

J'étais en train de jouer aux échecs avec Conchobar quand entrèrent en courant neuf garçons poursuivis par Cùchulain. Il en avait déjà frappé et cloué au sol cinquante. « Ce n'est plus du sport », s'écria Conchobar.
- Ce sont eux les mauvais joueurs, répondit Cùchulain, car j'ai voulu me joindre à leur partie et ils ont essayé de me chasser de leur terrain de jeu.
- Quel est ton nom? Demanda Conchobar
- Je suis Setanta, le fils de Sualtam et de votre soeur Dechtire.
- Pourquoi n'as-tu pas demandé la protection des autres joueurs ? demanda Conchobar.
- On ne m'a pas enseigné les règles répliqua Cùchulain.
- Alors acceptes-tu la protection de ton oncle? proposa Conchobar.
- Je l'accepte, répondit Cùchulain, mais je vous demande une chose, que je sois chargé de la protection des trois fois cinquante garçons. Conchobar accepta. Ils se rendirent tous sur le terrain de jeu et les garçons que Cùchulain avait envoyés au sol se levèrent à la vue de leur nouveau héros ».

Conall, un autre chef ulstérien, poursuivit l'histoire:
« Nous connaissions le garçon quand nous habitions en Ulster, et ce fut une joie de le voir grandir. Peu après l'épisode du terrain de jeu raconté par Fergus, Cùchulain fut entrainé dans des aventures plus héroïques.

Culann le forgeron invita Conchobar à une fête. Peu de monde accompagnait le roi d'Ulster, car le forgeron n'avait pour unique richesse que celle acquise par ses mains et ses outils. Aussi, seuls cinquante vieux champions favoris accompagnèrent Conchobar. Avant de quitter Emuin, le roi se rendit au terrain de jeu pour faire ses adieux aux garçons ; Cùchulain jouait seul contre les trois fois cinquante garçons et il était en train de gagner. Quand ils essayèrent d'envoyer leurs balles dans le but, Cùchulafn le défendit seul et arrêta chaque balle. Puis, au combat, il les envoya tous au sol, alors qu'aucun des trois fois cinquante garçons ne put le faire tomber. Dans le jeu de dévêtir, il ôta les vêtements de tout le monde sans même perdre sa broche.

Conchobar fut émerveillé par les exploits de son neveu et demanda à ses hommes si Cùchulain allait devenir un homme qui exécuterait des actes héroïques similaires : ils affirmèrent tous qu'il en serait ainsi. "Viens avec nous à la fête de Culann, dit alors Conchobar.
- Je vais finir ma partie, répondit Cùchulain, et je vous rejoindrai.

À la fête, Culann le forgeron demanda à son hôte royal si tout le monde était arrivé. « Oui, répondit Conchobar, oubliant son neveu, et nous sommes prêts à manger et à boire.»
« Bien, alors, dit le forgeron, fermons les portes et réjouissons-nous ; mon chien gardera les bêtes dans les champs personne ne lui échappera, car il faut trois chaines pour le tenir, et trois hommes à chaque chaîne ».

Pendant ce temps, le garçon était en route pour la fête, et pour s'amuser il lançait sa balle en l'air et son hurley après elle, et il lançait sa lance et courait la rattraper avant qu'elle ne touche le sol. Quand il entra dans la cour de Culann le forgeron, le chien se précipita sur lui. Conchobar et ses hommes entendirent le bruit de la lutte, ils regardèrent par les fenêtres et virent Cùchulain combattant le chien à mains nues. Il le saisit à la gorge et le fracassa contre un pilier. On fit entrer Cùchulain dans la maison. « Je me réjouis pour votre mère que vous soyez vivant, dit Culann. Mais ce chien protégeait tous mes biens, et maintenant je suis perdu.
- Ne craignez rien, déclara Cùchulain, je vais dresser un jeune chien de même race et jusqu'à ce qu'il soit assez grand pour garder votre propriété. Jusque là, je serai moi-même votre chien de garde.
- Eh bien, à partir d'aujourd'hui nous vous appellerons Cùchulain, le Chien de Culann, dit Conall.

Tels furent les exploits d'un garçon de six ans, conclut Fergus. Quels actes glorieux pouvons-nous attendre de lui maintenant qu'il en a dix-sept ?" »

C'est ainsi que Setanta reçut le nom qui serait le sien, Cùchulain. Symboliquement, cette légende signifiait que Cùchulain était apte à garder le royaume d'Irlande et à protéger son peuple. Par suite, le druide Cathbad prophétisa que les dieux lui donnaient à choisir entre une longue vie et une grande renommée. Cùchulain choisit la renommée, mais se trouva lié à une obligation permanente (geis) : il ne devait jamais passer devant un foyer sans en goûter la nourriture et ne jamais manger de viande de chien. Il lui fut prédit que son dernier acte important serait, comme le premier, de tuer un chien.
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MessageSujet: Re: La saga de Cùchulain   La saga de Cùchulain Icon_minitimeVen 29 Déc - 11:12

La saga de Cùchulain Clip5_11


La Fête de Bricriu


« Bricriu "Nemthenga" (langue empoisonnée) convia Conchobar et les gens d'Ulster à une magnifique fête dans une superbe maison créée spécialement pour l'occasion. En face de cette maison, Bricriu avait fait construire une maisonnette munie de grandes fenêtres vitrées afin qu'il pût voir ce qui se passerait dans le grand bâtiment, car il savait que les gens d'Ulster ne lui permettraient pas de dîner avec eux.

Avant la fête, Bricriu rendit visite à Loegaire, Conall Cernach et Cùchulain, trois des plus grands héros d'Ulster, et leur parla d'un prix qui récompenserait le champion des champions à sa fête : « Si vous gagnez le prix des champions, vous deviendrez le roi de toute l'Irlande, déclara Bricriu à chaque héros. Vous recevrez un chaudron, suffisamment grand pour contenir trois guerriers, plein de vin. Vous aurez un verrat nourri pendant sept ans au lait et au grain au printemps, au lait caillé et sucré en été, au froment et aux glands en automne et au vin et à la soupe en hiver. Et vous aurez une belle vache qui pendant sept ans a brouté la bruyère et l'herbe laiteuse des prés ainsi que le blé. Et vous aurez en plus cent gros gâteaux au miel. C'est le prix prévu pour vous seul, pour vous seul en tant que plus grand des gens d'Ulster. Nous proclamerons le prix au commencement de la fête ».

Les gens d'Ulster arrivèrent le jour convenu, et chaque homme et chaque femme prit place dans la grande salle selon son rang. Quand tout fut prêt, les musiciens commencèrent à jouer et Bricriu annonça : « Maintenant, voici la partie réservée au champion. Que le meilleur gagne! » Et sur ces mots, il quitta la salle et entra dans sa maisonnette.

Comme Bricriu l'avait escompté, une dispute éclata immédiatement entre Loegaire, Conall Cernach et Cùchulain, et bientôt les trois guerriers en vinrent aux mains. Conchobar alla vers eux et Senchae, qui était le plus vieux et le plus sage des hommes d'Ulster déclara: «Nous ne devrions pas avoir à nous battre pendant la fête. Ce soir le prix sera divisé entre vous trois, et demain nous demanderons à Ailill, roi de Connaught, de régler votre différend.» Tous approuvèrent ces propos pleins de sagesse et bientôt victuailles et vin mirent en joie la compagnie.

Pendant ce temps Bricriu, dans sa maisonnette, cherchait comment il allait pouvoir dresser les femmes d'Ulster d'un certain rang les unes contre les autres. À ce moment, Fedelm, l'épouse de Loegaire, sortit de la maison. « Vous êtes assurément l'épouse du plus grand héros d'Irlande, lui dit Bricriu. Si vous entrez la première dans la maison cette nuit, vous serez à tout jamais la première dame d'Ulster.» Et Bricriu fit la même promesse à Lendabair, l'épouse de Conall Cernach et à Eimer, la femme de Cùchulain. Le moment pour les femmes d'aller rejoindre leurs maris dans la salle arriva. Elles commencèrent par avancer d'un pas plein de dignité, mais arrivées en vue de la maison, elles marchèrent de plus en plus vite et bientôt, relevant leurs robes, elles se mirent à courir. Les gens d'Ulster entendirent le bruit de cette course et, croyant qu'ils allaient être attaqués, se barricadèrent. Dehors, les femmes se mirent à marteler les portes, chacune voulant devenir la première dame d'Ulster. Cùchulafn usa de sa grande force pour soulever un mur de la maison, Emer put ainsi s'introduire dans la salle et réclamer son prix.

Les festivités se poursuivirent mais bientôt les trois héros et leurs épouses recommencèrent à se quereller à propos du prix du champion. Il fut décidé que les trois héros se rendraient en char auprès du roi de Munster, Cù Roi, fils de Daire, ou auprès d'Ailill et Medb, roi et reine de Connaught - l'un d'eux devrait régler le conflit. Ils se précipitèrent tous vers l'ouest traversant collines et plaines en direction de Connaught et de Munster, et le soi trembla à leur passage. De la citadelle de Cruachu, Medb entendit la rumeur et demanda à sa fille, Findabair, de monter à la tour de garde du fort et de décrire qui arrivait avec une telle précipitation : « Dans le premier char je vois un homme avec de longs cheveux : ils sont nattés et de la racine à l'extrémité ils changent de couleur, passant du brun au rouge sang, puis au jaune d'or.
- C'est sûrement Loegaire, dit Medb, et il va tuer tout le monde à Cruachu.
- Dans le char suivant se tient un homme avec la plus admirable chevelure qui soit, tressée comme la crinière de ses chevaux, et son visage est coloré de rouge et de blanc. Il porte un manteau bleu et cramoisi, et un bouclier dont le bord est en bronze et le centre doré de l'autre main il tient une lance rouge feu, et des oiseaux volent autour de lui.
- Ce doit être Conall Cernach, déclara Medb, et il va nous mettre tous en pièces.
- Et le troisième char, poursuivit Findabair, est tiré par les plus rapides chevaux : l'un est gris, l'autre est noir, ils courent plus vite que les oiseaux et ils exhalent des éclairs. Le guerrier est un homme triste et mystérieux, le plus bel homme d'Irlande ; je vois sa poitrine blanche sous sa tunique écarlate attachée par une broche en or, ses yeus étincellent comme des joyaux rouge dragon, et ses joues rouges flamboient quand il bondit tel un saumon sur son char.
- C'est Cùchulafn, s'écria Medb, et sa fureur nous réduira en poussière ».

Medb souhaita la bienvenue aux héros en leur présentant une cuve d'eau pour qu'ils se rafraîchissent et cinquante femmes pour les servir dans leurs chambres d'hôtes. Puis les héros contèrent à Ailill et Medb qu'ils étaient venus chercher leur jugement dans la dispute qui les opposait à propos du prix de Bricriu, et tous maudirent Bricriu d'avoir joué les trouble-fête.

Ailill ne pouvait départager les trois concurrents, aussi Medb déclara qu'elle allait se charger du jugement : « Il n'est pas difficile de les juger, dit Medb à son mari, car Loegaire est aussi différent de Conall Cemach que le bronze l'est de l'or blanc, et Conall Cernach est aussi différent de Cùchulafn que l'or blanc l'est de l'or rouge.» Elle fit venir Loegaire et lui dit : « je vous considère comme étant le roi de toute l'Irlande, vous devez donc recevoir le prix du champion, retournez auprès de Conchobar et des gens d'Ulster et montrez-leur ceci en témoignage de notre décision ». Elle lui tendit alors une coupe de bronze, dont la base était décorée d'un oiseau en or blanc. Loegaire but tout le vin qu'elle contenait et alla rejoindre ses cinquante femmes au lit.

Puis Medb fit venir Conall Cernach, elle lui dit la même chose, et lui donna une coupe en or blanc avec un oiseau d'or à sa base. Lui aussi but le vin et alla au lit avec ses cinquante femmes, auxquelles Sadb Sulbair, la fille de Ailill et de Medb, se joignit.

Enfin, elle convoqua Cùchulain, et Ailill se joignit à elle. Une coupe d'or rouge fut offerte au héros, et l'oiseau ornant sa base était incrusté d'une pierre précieuse inestimable. « Vous êtes le champion des champions, lui dirent le roi et la reine de Connaught, et votre femme Emer est à notre avis la première dame d'Ulster. Retournez près de Conchobar demain et réclamez le prix.» Cùchulafn fut rejoint au lit par la princesse Findabair.

Avant leur départ, le matin suivant, les héros divertirent la cour avec leurs compétitions. Ils jouèrent au jeu d'envoyer la roue : celle de Loegaire s'éleva seulement jusqu'au haut du mur de la salle, celle de Conall Cernach atteignit la poutre faîtière sous les acclamations de la jeunesse de Connaught ; mais la roue lancée par Cùchulain heurta la poutre faîtière avec tant de force qu'elle traversa le toit et atterrit à une profondeur de bras dans le sol au dehors. Cùchulain prit alors les aiguilles des trois fois cinquante femmes et les envoya une par une dans le ciel, de telle manière que chacune entra dans le chas de la suivante pour former une chaîne. Il rendit chaque aiguille à sa propriétaire sous les acclamations de la foule qui s'était assemblée dans la cour. Puis les trois héros firent leurs adieux à Ailill et Medb ainsi qu'aux gens du fort de Cruachu et retournèrent chacun de son coté en Ulster.

Conall Cernach et Cùchulafn furent retenus par diverses aventures et quand ils atteignirent enfin le fort de Conchobar à Emuin Machae, ils trouvèrent la cour en deuil : Loegaire était arrive avant eux et avait annoncé leur mort. Les querelles qui s'ensuivirent furent arrêtées par Sualtam, le père de Cùchulain, qui convia tout le monde à une fête des retrouvailles. « Pourquoi ne pas laisser un autre héros revendiquer le prix du champion? » proposa l'un des gens d'Ulster au cours de la fête. - Après tout, si l'un de ces trois là avait été choisi pendant son séjour à Cruachu, il en aurait rapporté une preuve. » A ces mots, Loegairt montra sa coupe et réclama le prix de Bricriu. « Le prix est pour moi, dit Conall Cernach exhibant sa coupe, car la mienne est en or et la tienne n'est qu'en bronze.
- Alors je suis le champion des champions », s'écria Cùchulain. Et il montra à l'assistance sa coupe d'or rouge ornée d'un oiseau incrusté d'une pierre précieuse.
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MessageSujet: Re: La saga de Cùchulain   La saga de Cùchulain Icon_minitimeVen 29 Déc - 11:12

«Ailill et Medb ont jugé, déclarèrent Conchobar et les gens d'Ulster. Nous te décernons le prix du champion.» Mais Loegaire et Conall Cernach refusèrent d'admettre cette décision et accusèrent Cùchulain d'avoir suborné Ailill et Medb. Une nouvelle fois les épées furent brandies. Conchobar arrêta le combat et Senchae le Sage déclara qu'ils devraient tous trois se rendre à Munster auprès de Cù Roi pour son jugement final.

Quand ils atteignirent le fort de Cù Roi, ils apprirent qu'il n'était pas chez lui, mais Blathnat, sa femme, avait été chargée de leur donner à boire et à manger jusqu'au retour de son mari. Après le dîner, Blathnat dit à ses trois hôtes que chaque nuit l'un d'eux devrait assumer la garde, selon l'ordre du roi. La première garde revenait à Loegaire, car il était l'aîné. Quand le soleil fut couché, ils sentirent le fort tourner comme un roue à eau car Cu Roi lui jetait un charme chaque soir, afin qu'aucun ennemi ne puisse trouver la grille d'entrée après la tombée de la nuit.

Loegaire resta à veiller pendant que les autres dormaient. Quand le jour commença à se lever, un géant émergea de l'océan à l'ouest. Bien qu'il fût loin, il parut à Loegaire aussi grand que le ciel. Tandis qu'il avançait, Loegaire remarqua les énormes troncs d'arbres dans ses poings, qu'il lança vers lui. Ils manquèrent leur cible et le géant en rage saisit Loegaire dans sa main comme s'il n'était qu'un bébé et le broya comme entre les deux meules d'un moulin. Le géant jeta Loegaire par dessus le mur. Quand les autres trouvèrent son corps pantelant, ils pensèrent qu'il avait tenté de franchir les murs par défi.

La nuit suivante ce fut à Conall Cernach de veiller et le même géant lui causa les mêmes blessures qu'à Loegaire. La nuit suivante c'était au tour de Cùchulain et la nuit promettait d'être mauvaise, car il avait été prophétisé qu un monstre vivant dans le lac sous la citadelle dévorerait tous ceux qui habitaient là. juste avant le lever du soleil, le bruit d'un grand battement d'eau fit sursauter Cùchulain qui était à demi endormi. Il regarda par-delà le mur et vit le monstre, qui s'élevait au-dessus du lac. La bête touma la tête et attaqua le fort, ouvrant son énorme gueule pour avaler une par une les huttes. Cùchulain bondit haut dans les airs, puis il plongea son arme dans la gorge de la bête et lui arracha le coeur.

Le héros avait à peine eu le temps de reprendre son souffle quand il aperçut le géant qui émergeait de l'océan. Ce dernier lança ses troncs d'arbre et Cùchulain lança sa lance : l'un et l'autre manquèrent leur cible. Le géant essaya alors de saisir Cùchulain dans son poing, mais Cùchulain fut plus rapide, il exécuta son saut de saumon et tourna autour du géant en brandissant son épée. « Si tu épargnes ma vie, je te donnerai ce que tu voudras, dit le géant.
- Je veux le prix du champion et qu'Eimer soit la première dame d'Ulster, déclara Cùchulain.
Qu'il en soit ainsi ! s’écria le géant en disparaissant dans les brumes matinales.

Cù Roi rentra le jour suivant et écouta le récit des exploits de Cùchulain. Alors, il lui accorda le prix des champions et les trois héros d'Ulster repartirent chez eux. Et une fois de plus, Loegaire et Conall Cernach contestèrent la décision, mais Cuchulain en avait assez de ce concours et il fut admis que l'affaire en resterait là.

Quelque temps plus tard, Conchobar et les gens d'Ulster s'apprêtaient à dîner à Emuin Machae quand un ogre hideux apparut à la porte et les défia au jeu de décapitation. Les trois grands héros étaient absents et Muinremur accepta le défi. « Les règles sont celles-ci, déclara l'ogre, vous coupez ma tête cette nuit et je coupe la vôtre demain.

«D'accord! », s'esclaffa Muinremur qui n avait pas l'intention de respecter sa part du marché conclu avec cet ogre insensé. L’ogre posa sa tête sur le billot et Muinremur la lui trancha avec une hache.

À la surprise générale, l'ogre se leva, prit sa tête et s'en alla, disant qu'il reviendrait le lendemain. Le soir suivant, il revint, mais Muinremur resta introuvable. L’ogre protesta que c'était un outrage et un autre guerrier accepta le même marché. La nuit suivante le guerrier ne vint pas au rendez-vous de l'ogre. Il en fut ainsi pendant trois nuits et la quatrième de nombreuses personnes s'étaient rassemblées dans la cour pour assister à ce prodige. Cùchulain était venu et l'ogre le défia au jeu de décapitation. Cùchulain ne lui trancha pas seulement la tête d'un seul coup de hache, mais il le découpa en morceaux. Malgré cela l'ogre se releva, ramassa les morceaux et s'en alla. La nuit suivante, l'ogre revint sachant que Cùchulain était un héros qui ne manquait pas à sa parole.
- Où est le héros Cùchulain ? demanda l'ogre.
- Je n'ai pas l'intention de me dérober, répondit Cùchulain.
-Tu sembles inquiet, dit l'ogre, mais au moins toi, tu tiens parole.» s'écria le géant. Cùchulain posa son cou sur le billot et l'ogre leva sa hache : tout le monde retint sa respiration et détourna la tête. Quand il abaissa sa hache, l'ogre retourna la lame afin que seul le manche atteigne le cou de Cùchulain.

« Maintenant, lève-toi Cùchulain, s'écria l'ogre, car de tous les héros d'Ulster et même de toute l'Irlande, tu es le plus grand en termes de vaillance et d'honneur. Tu es le champion des champions et le prix de Bricriu toi seul le mérites. Ta femme Eimer est la première dame d'Ulster. Et celui qui le contestera verra ses jours en danger.» Sur ces mots, l'ogre quitta la salle, mais quand il s'en alla il était redevenu Cù Roi, fils de Daire, et ainsi assura que son jugement des trois héros devait être définitif. »

Le destin de Cùchulain fut par la suite marqué de nombreux exploits. LeTain bô Cualngé (ou Razzia de Cooley) est probablement le plus fameux d'entre eux. Il se déroula lors du conflit qui opposa les provinces de Connacht (ou Connaught) et d'Ulster. Après s'être querellée avec son mari, Ailill, la reine Medb de Connacht partit voler le Taureau brun de Cualngé, appartenant au roi d'Ulster. Les razzias de bétail étaient courantes parmi les peuples guerriers qui vivaient de l'élevage et on les retrouve dans les légendes anciennes de Grèce, d'Inde et d'ailleurs.
La reine Medb passa en revue son armée avant de partir attaquer l'Ulster ; chaque section de l'armée lui apparut plus magnifique que la précédente et l'apogée fut atteint avec celle de son champion, Cornac (une telle progression dans la description est typique des grandes Légendes héroïques des peuples indo-européens, aussi bien chez les Norvégiens que chez les Perses, et même à l'époque de Charlemagne).
La campagne de Medb commença bien, car elle trouva les hommes d'Ulster soumis au sortilège vengeur de la déesse Macha, qui les rendait faibles comme des femmes en couches pendant cinq jours et quatre nuits. Seul Cùchulain était assez fort pour combattre et, avec son conducteur de char Laeg, il prit position sur un gué afin de défendre l'Ulster.
Medb envoya un par un ses plus braves guerriers attaquer Cùchulain, mais tous périrent, enfin elle envoya Ferdia, le frère de lait de Cùchulain. Ferdia refusa de combattre jusqu'à ce que Medb mette en jeu son honneur et l'oblige à affronter Cùchulain. Ayant appris l'art du combat de la même initiatrice, Scatach, ils luttèrent pendant trois jours et s'embrassèrent à la fin de chacune des deux premières journées. Le troisième jour, Cùchulain fut pris d'une telle fureur guerrière qu'il blessa mortellement Ferdia avec sa lance barbelée (gae bolga). Une fois de plus, il embrassa Ferdia et le transporta avec ses armes de l'autre côté du gué, en Ulster, où il pleura la mort de son ami. Leur combat représente le conflit permanent entre le devoir d'allégeance du guerrier à son seigneur et la loyauté envers ses parents et ses amis, auquel étaient confrontés les membres des différentes tribus celtes.
Pendant que le combat du gué était à son summum, et que les Ulstériens dormaient, les hommes de Connacht pénétrèrent en Ulster et volèrent le Taureau brun de Cualngé. Le roi Conchobar et ses hommes se réveillèrent trop tard. La reine Medb et ses guerriers avaient déjà regagné leurs terres. Là, elle savoura la capture du Taureau brun, mais le violent animal s'attaqua au Taureau blanc de Connacht. Medb se retrouva finalement sans taureau et la paix fut rétablie, mais pour peu de temps.
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MessageSujet: Re: La saga de Cùchulain   La saga de Cùchulain Icon_minitimeVen 29 Déc - 11:14

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La Geste lamentable de Connlach, fils de Cùchulain


La vie de Cùchulain ne fut pas marquée que d'exploits, mais aussi d'évènements pénibles. L'un d'eux survint du fait du propre fils de Cùchulain, Connlach. Cette version est une traduction de la plus vieille version gaélique.

« Quant à la femme que Cùchulain avait laissée dans les pays de l'Est, elle lui donna un fils puissant et formidable, auquel on attribua le nom de Connlach. Il y fut élevé jusqu'à ce qu'il pût parler, et, dès ce moment, il surpassa tous les jeunes garçons, ses aînés. Il savait tout ce sa mère avait pu lui enseigner sur les règles et les gestes de la chevalerie. Tout ce qu'il voyait faire autour de lui, il le pratiquait au mieux, à une seule exception, le lancer de la grenade acérée, gat builge.
Un jour, Connlach dit à sa mère :
- Ma mère, je voudrais bien savoir qui est mon père, car je crois bien que tu es ma mère...
- Je te le dirai, répondit Aiofe : Cùchulain, fils de Sualtam, de l'île d'Irlande, c'est lui qui est ton père.
- Est-il roi du monde ? dit Connlach.
- Bien sûr que non, reprit la mère, il n'est même pas gouverneur de province, mais c'est un preux, un vaillant soldat.
- Je regrette bien qu'un tel homme m'ait engendré, un homme qui n'est point le roi du monde, car roi de ce monde, je le serai, moi !
- Mon fils, ajouta Aiofe, voici un anneau que ton père m'a laissé. Il m'a recommandé de te le donner dès que tu aurais le doigt du milieu assez gros pour le porter, et de te laisser partir en Irlande.
Ces paroles échangées, elle lui bailla l'anneau, et l'anneau se trouva rempli par la grosseur du doigt. Alors, sa mère lui révéla ses engagements sacrés de chevalier (geasa).
- Mon fils, va donc en Irlande, en quête de ton père.
- Montre-moi toi-même le chemin d'Irlande.
Et la mère lui montra le chemin.
Quant au fils, l'histoire ne raconte plus rien de ses aventures avant son arrivée dans un port d'Écosse. Là, il y avait deux gros piliers de pierre qui, dans un fiord, étaient placés à grande distance l'un de l'autre ; ces piliers étaient sous la surveillance d'un soldat gigantesque, qui exigeait le péage de tous ceux qui traversaient la rade pour gagner le grand manoir, haut dressé au-dessus du port. Connlach dit au garde qu'il venait du monde de l'Est.
- Il faut payer, lui ordonna le soldat, sans quoi tu laisseras ici tes os.
- Si jamais homme au monde doit passer sans payer, dit Connlach, c'est moi.
- Comment t'appelles-tu ? fit le soldat géant.
- Je ne te le dirai pas. Et toi, géant, comment t'appelles-tu ?
- Je m'appelle Morgan.
- Je jure par tous les dieux, rétorqua le jouvenceau, que ce n'est point là nom de noblesse ! Tout le monde accourt pour voir le combat, et, après maintes belles passes d'armes, Morgan tombe sous les coups de Connlach.
Le bateau quitte l'Écosse et arrive dans un port d'Ulster. Les hommes d'Ulster étaient réunis dans la Dail, c'est-à-dire l'assemblée des notables.
Aussitôt que Connlach voit les gens réunis en leur parlement (Oireachtas), il prend un rocher énorme, court sur la colline de l'assemblée, tout près des hommes d'Ulster. Les hommes d'Ulster étaient réunis dans la Dail. Quand bien même tous les hommes d'Ulster se réuniraient contre lui, il tiendrait bon contre eux tous tant que ce rocher resterait en terre, ferme et droit. Puis, il commença ses jeux de bravoure et d'adresse. Bientôt le roi les remarque et s'approche. Un des chevaliers du roi Conchobar, nommé Bricné Mac Cairbre, demande à savoir le nom du jeune homme. Celui-ci répond:
- Je ne dirai mon nom ni à vous ni à personne au monde.
- Quitte donc la colline des seigneurs, car, en Ulster, il est défendu de se livrer aux jeux pendant que siège l'Assemblée.
- Je ne partirai pas, mes vœux de chevalier me le défendent, avant que l'Assemblée elle-même ait fini de tenir ses séances.
Le chevalier s'en va vers l'Assemblée. Peu après, il revient avec ses armes.
- C'est une insulte à notre Assemblée qu'un jeune homme, dont nous ne savons même pas le nom, vienne ici nous défier. A moins que tu ne me dises ton nom, les hommes d'Ulster ne me pardonneront pas de revenir vers eux sans que je t'aie pris la vie. Dis donc ton nom, ô jeune homme !
- Je ne dirai pas mon nom, car mes vœux de chevalier me le défendent.
- Alors tu te battras en duel avec moi.
Ils se battent. Connlach ne tue pas Bricné, mais il le secoue en tous sens de façon à le rendre ridicule. A la fin, d'un seul coup d'épée, il lui coupe sa ceinture et fait tomber ses braies jusque sur ses talons. Bricné ouvre les yeux tout grands et s'écrie :
- De grâce, ne rends pas ainsi ridicule le meilleur serviteur du roi d'Ulster et son meilleur messager !
Connlach l'épargne. Enfin arrive Conall Ceamach, le meilleur soldat de tout l'Ulster après Cùchulain. Le jouvenceau le terrasse et le ligote pour le tourner en ridicule. Enfin l'Assemblée, par égard pour la loi d'Ulster, ayant essayé de savoir le nom du jouvenceau, sans obtenir d'autre réponse, sinon que son honneur lui défendait de se faire connaître, résolut de faire venir Cùchulain, lui-même, fils de Sualtam, pour qu'il fasse dire à l'étranger son nom ou qu'il le force à se battre avec lui.
En ce moment, Cùchulain était à Dun Dealgan, le Dundalk d'aujourd'hui, au milieu des nobles et des princes. Bricné Mac Cairbre lui dit qu'un seul jouvenceau venait de vaincre et de ligoter tous les héros de l'Ulster. Cùchulain quitte aussitôt les nobles, dit adieu à sa femme, Eimer, part pour la plage de Turenn, en Ulster.
Après avoir en vain essayé de savoir le nom du jouvenceau, il croise le fer avec lui. Le jeune homme tombe frappé au ventre par le gat builge. En mourant, il jette un long regard sur son père qui, de son côté, s'étonne de l'admiration qu'il ressent pour l'héroïsme de ce jouvenceau.
- Tu es d'Ulster ! dit Cùchulain.
- Oui, d'après ma mère, je suis bon Ulstérien.
- On a eu bien tort de le tuer, s'il est natif d'Ulster, dit Conall Ceamach.
- Ton nom ! dit Cùchulain.
Connlach saigne à en mourir.
- Je m'appelle Connlach, fils de Cùchulain, dit le jouvenceau. Mon cher père, voici ton épée, je te la rends. Père, je suis ton fils. Je meurs : aide-moi à me lever pour que je retombe face contre terre, de peur que les hommes d'Ulster ne disent que je suis tombé en fuyant...
- Je vais t'aider, car c'est là parler en soldat.
Se ravisant, il semble le soupçonner d'être quelqu'un d'autre, car il lui demande encore son nom. Cette fois, Connlach lui montre l'anneau. Cùchulain s'étonne que son fils n'ait pas compris la manœuvre du gat builge. Alors Cùchulain maudit la mère, qui n'a pas montré à son fils comment esquiver la grenade meurtrière, de manière à le rendre invincible, même s'il se mesurait avec Cùchulain.

Cùchulain :
Ta mère que j'aimai je la maudis dans mes larmes
Elle faillit au devoir - ton combat me l'a dit -
De t'apprendre à parer la plus perfide des armes.
Par sa faute tu meurs et Cùchulain se maudit.

Connlach :
Je péris par ma mère, elle que j'aimais jadis,
Et qui m'imposa vœux sournoisement dangereux
En m'envoyant, langue liée, à toi ! Je maudis
Celle qui te força, père, à ce crime odieux.


Cùchulain :
0 mon fils, meurs en paix, Connlach, mon égal en force,
En chevaleresques élans d'héroïque valeur :
C'est un malheur de plus qu’elle ne soit là, l'âme torse,
Pour se repaître de ta mort et de ma douleur.


Le fils meurt. On l'enterre, et ses funérailles ont lieu selon les vieux rites gaéliques. Des pleureuses viennent exprès se lamenter sur lui. On lui érige un monument. Cùchulain s'en retourne à Dun Dealgan. Il reste triste et silencieux.
- Cher époux, dit Eimer en l'accueillant, que tu as l'air sombre !
- Eimer, dit-il, j'ai fait une chose qui me fend le cœur : j'ai tué mon propre fils, Connlach, je ne puis désormais porter l'épée.
Tel est la geste lamentable de Connlach, fils de Cùchulain. Priez, cher lecteur, pour Seoirse Mac Inerchneadh, le copiste. »

Le plus tragique évènement de la saga de Cùchulain est évidemment sa mort. Celle-ci survint lors d'une nouvelle guerre entre l'Ulster et le Connacht.
Cùchulain était invincible au combat dans des circonstances normales, cependant il n'était pas invulnérable. Il était important pour les Celtes que leurs chefs soient des héros et néanmoins des humains. Cùchulain finit donc par mourir, mais vaincu par des puissances surnaturelles contre lesquelles il ne pouvait lutter.
De nouveau, la reine Medb de Connacht s'attaqua à Cùchulain, cette fois avec l'aide de sorciers spécialement préparés. La veille de la bataille, le héros passa près des sorciers alors qu'ils étaient en train de faire rôtir un chien. Obéissant à son geis, il s'arrêta près du foyer pour goûter la nourriture et dut, malgré l'interdiction qui lui en avait été faite, manger du chien. Ses pouvoirs s'en trouvèrent immédiatement affaiblis, et au cours du combat qui suivit, connu sous le nom de Grand Carnage de Mag Muirthemni, il reçut une blessure profonde.
En outre, Cùchulain fut une fois encore victime de son destin. En se lavant dans la rivière, il tua une loutre qui buvait l'eau teintée de son sang. Se souvenant qu'il lui avait été prophétisé que sa première et dernière action serait de tuer un chien (le chien de Culann et la loutre, aussi appelée chien d'eau), il comprit que sa dernière heure était arrivée.
Agonisant, Cùchulain s'attacha alors à un pilier en pierre pour mourir au combat, debout face à ses ennemis. Il fut finalement mortellement blessé par une lance projettée par son ennemi, Lugaid.
Seul Lugaid osa l'approcher quand une corneille (trois corneilles dans certaines versions) vint se percher sur son épaule, signifiant sa mort. La tête du héros fut enterrée, dit-on, sous un tumulus à Tara, le site sacré de l'Irlande.
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